mercredi 26 juillet 2006

Les tomates de Papazon ont le cul noir

Papazon a acheté deux pieds de tomates en jardinerie. Deux espèces différentes, qu'il a plantées au pied de deux tuteurs en zigzag.

Quelles sont ces deux espèces?

Au début, il y avait les étiquettes enfilées sur les tuteurs en zigzag, au dessus des pieds de tomate.

Les étiquettes donnaient mal à la tête aux pieds de tomates, parce qu'elles glissaient le long des tuteur. Vers le bas. Ca se trouve, ça entravait leur croissance.

Alors, un jour, j'ai enlevé les étiquettes.
Depuis, on ne sait plus quelles sont les variétés de tomates qui grimpent sur nos tuteurs.

Ils ont poussé, les pieds de Papazon?

Le pied gauche, qui donne des tomates rondes, a un peu poussé - il est haut d'un mètre.

Le pied droit, sur lequel poussent des tomates allongées, a une tige principale, et trois tiges aussi grosses que la tige principale. Les trois tiges partent du bas du pied et s'étendent au raz de la terre. Ca fait désordre.

Et il y a des tomates maintenant?
Trois tomates rondes encore vertes.
Plein de tomates allongées. Des vertes et des rouges.

Alors on mange des tomates allongées chez les Zonzon?
Non.
Elles sont pas comestibles.
Elles pourrissent par le bas, alors qu'elles sont encore vertes.

Oh mon dieu, elles sont malades?
Après consultation d'internet, diagnostic :maladie du cul noir. Ou nécrose apicale, si on veut se la jouer.

C'est dû à quoi la nécrose apicale?
C'est la maladie du manque de calcium. Cause la plus fréquente : choc hydrique dû à arrosage trop irrégulier.

Ca se soigne?
En arrosant régulièrement.

Ensuite, y'en a qui mettent du lait dans l'eau d'arrosage (lait premier âge, lait deuxième âge, lait de croissance?). Pas pour nous ça.

Ou alors, ils mettent des nitrates de calcium, des engrais riches en phosphores, et tout et tout. Bof.

Faut voir que nous on arrose régulièrement. Toutes les semaines, voire deux fois par semaine (enfin quand on y pense) en période de canicule.

Hein? Faudrait quand même essayer de les arroser régulièrement? OK.

Les Zonzon revoient leur conception de l'arrosage régulier
Y'en a qui arrosent au goutte à goutte, ils se sont organisés avant.
Y'en a qui ont un dispositif, chaque soir arrosant 20 minutes.
Y'en a qui vous parlent de l'Amérique, ils ont des visions de cinéma.

Résolution on va (essayer de) arroser au moins un jour sur deux.

jeudi 13 juillet 2006

Un jardin pour réfléchir sur l'histoire de l'humanité

Un jour, il y a bientôt deux ans, j'ai décidé de défricher les deux plates-bandes Sud pour y planter quelque chose.
La superficie de ce lopin doit avoisiner les 5 mètres carrés et il était, à l'époque, entièrement recouvert d'une colonie épaisse de fleurs grasses aux racines mesquines [c'est juste pour la rime, les racines mesquines] - aux racines envahissantes, qui poussent loin et ressurgissent et refont des fleurs partout.

A l'époque, nous avions très peu d'outils. Peut-être une pelle, rien de plus.

J'ai bossé.
Arraché à mains nues, sans gants, pliée en deux ou à genoux. Tordu les racines pour les couper, finir de les ronger du bord de la pelle à peine coupant. J'ai labouré à la pelle, extrayant de nouvelles racines à chaque pelletée.

Ensuite, j'ai réfléchi.
Pourquoi les historiens font tout un patacaisse à chaque fois qu'ils pensent que l'homme a découvert comment tailler des pierres, comment fondre le métal.

Qu'il a apprivoisé des animaux et a appris à utiliser leur force.

Pourquoi on nous rabâche qu'il y a une histoire et une géographie de la charrue et de l'araire, même que ça a occasionné controverses et re-controverses d'historiens.

Voire même qu'on nous explique que la roue n'a pas toujours existé, et dont qu'avant ça devait être galère de pousser les brouettes.

J'ai compris que, si j'avais vraiment à cultiver ce carré de terre pour fournir à ma famille les calories nécessaires à passer l'hiver, je serais mal.

Je savais que les peuples sont d'abord des nomades, peuples de chasseurs ou peuples de cueilleurs, mais que ça devait être chaud de courir après son frigo toute la vie.

J'ai compris ce qui représente la sédentarisation : planter et élever, prélever de se nourrir, et de quoi replanter et re-élever l'année suivante.
Force et vulnérabilité de la sédentarisation. Si la culture foire une année, si la maladie, la fureur des hommes, les aléas de la nature, décime ce qu'on a élevé et planté, ya intérêt à s'être organisés pour avoir des stocks.

J'ai compris presque compris comment le commerce a pu naître ou a dû naître, quoi que cela ma semble encore complexe.

Je ne suis pas allée plus loin. Découvrir ainsi des racines de la destinée humaine grâce à ces racines de fleurs, ça a été beaucoup d'un coup.

Un jour, j'en arriverai à la machine à vapeur, puis aux progrès fulgurants de l'agriculture et de l'élevage, aux rendements décuplés par la chimie, aux culture étendues dans des zones improbables par une irrigation intensive et à que sais-je encore, et on va forcément en venir aux OGM, aux veaux gavés d'antibiotiques, à l'eau ressource rare et précieuse.

Faudrait pas trop trainer à la prise de conscience d'ailleurs.