jeudi 13 juillet 2006

Un jardin pour réfléchir sur l'histoire de l'humanité

Un jour, il y a bientôt deux ans, j'ai décidé de défricher les deux plates-bandes Sud pour y planter quelque chose.
La superficie de ce lopin doit avoisiner les 5 mètres carrés et il était, à l'époque, entièrement recouvert d'une colonie épaisse de fleurs grasses aux racines mesquines [c'est juste pour la rime, les racines mesquines] - aux racines envahissantes, qui poussent loin et ressurgissent et refont des fleurs partout.

A l'époque, nous avions très peu d'outils. Peut-être une pelle, rien de plus.

J'ai bossé.
Arraché à mains nues, sans gants, pliée en deux ou à genoux. Tordu les racines pour les couper, finir de les ronger du bord de la pelle à peine coupant. J'ai labouré à la pelle, extrayant de nouvelles racines à chaque pelletée.

Ensuite, j'ai réfléchi.
Pourquoi les historiens font tout un patacaisse à chaque fois qu'ils pensent que l'homme a découvert comment tailler des pierres, comment fondre le métal.

Qu'il a apprivoisé des animaux et a appris à utiliser leur force.

Pourquoi on nous rabâche qu'il y a une histoire et une géographie de la charrue et de l'araire, même que ça a occasionné controverses et re-controverses d'historiens.

Voire même qu'on nous explique que la roue n'a pas toujours existé, et dont qu'avant ça devait être galère de pousser les brouettes.

J'ai compris que, si j'avais vraiment à cultiver ce carré de terre pour fournir à ma famille les calories nécessaires à passer l'hiver, je serais mal.

Je savais que les peuples sont d'abord des nomades, peuples de chasseurs ou peuples de cueilleurs, mais que ça devait être chaud de courir après son frigo toute la vie.

J'ai compris ce qui représente la sédentarisation : planter et élever, prélever de se nourrir, et de quoi replanter et re-élever l'année suivante.
Force et vulnérabilité de la sédentarisation. Si la culture foire une année, si la maladie, la fureur des hommes, les aléas de la nature, décime ce qu'on a élevé et planté, ya intérêt à s'être organisés pour avoir des stocks.

J'ai compris presque compris comment le commerce a pu naître ou a dû naître, quoi que cela ma semble encore complexe.

Je ne suis pas allée plus loin. Découvrir ainsi des racines de la destinée humaine grâce à ces racines de fleurs, ça a été beaucoup d'un coup.

Un jour, j'en arriverai à la machine à vapeur, puis aux progrès fulgurants de l'agriculture et de l'élevage, aux rendements décuplés par la chimie, aux culture étendues dans des zones improbables par une irrigation intensive et à que sais-je encore, et on va forcément en venir aux OGM, aux veaux gavés d'antibiotiques, à l'eau ressource rare et précieuse.

Faudrait pas trop trainer à la prise de conscience d'ailleurs.

3 commentaires:

a n g e l a dit…

"courir après son frigo" uhuhhuhu c'est grand comme formule :)

Dodinette a dit…

prise de conscience faite chez les zonzon, mais bon, faudrait vouèr à c'que les salades poussent mieux pour l'autosuffisance... ;0)

joelle a dit…

Premier blog visité au retour sur le PC... Atterrissage philosophique!
LOL
Je cours au fond du jardin!
;-p